lundi 26 février 2018

EXERCICE / REGARD DU DÉBUTANT : voir, percevoir














Vous pouvez tout peindre, il suffit de le voir. 
Giorgio Morandi ]


Pour mieux découvrir notre habitat, nous pouvons recourir à nos facultés visuelles. Nous avons la possibilité de nous tourner vers quelque chose qui nous attire, nous semble intéressant ou frappant. Nous pouvons prendre des photos ou alors dessiner pour saisir un coin de notre maison, un bibelot, un meuble. Si cela nous tente, pourquoi ne pas esquisser le plan des lieux ? Ce sont diverses manières d’aiguiser notre observation. 

Ce faisant, nous nous efforçons de ne pas agir en mode "faire". Il ne s’agit pas de "produire" un dessin, un plan, une série de photos. Il n’est pas question ici d’accomplir une tâche et de nous efforcer de la mener jusqu’au bout. 

C’est d’autre chose qu’il s’agit.

Cela relèverait plutôt du mode "être" : Être là. Observer, regarder, exercer notre regard, accorder toute notre attention au sujet que nous avons choisi et à ses caractéristiques : formes, couleurs, reflets lumineux, relations spatiales.
Photographier en étant "dans" la photo, "avec" notre sujet. Ou alors dessiner dans une sorte de symbiose entre notre regard, notre sujet, notre main. Nos yeux captent le réel, découvrent une perspective, un élément du mobilier, le jeu de la lumière sur une paroi sous un angle peut-être nouveau, inexploré. 

Ce faisant, nous pouvons également faire appel à d’autres sens : Ecouter la mine du crayon murmurer sur le papier, écouter le doux bruit quand nous colorions ou le crissement d’un trait quand nous hachurons. Sentir le stylo entre nos doigts, sentir le métal de l’appareil contre notre visage, au contact de notre peau. Nous sommes ici, maintenant, ouverts à ce qui se présente devant nous.

Nous ne visons aucun résultat. Nous ne nous livrons pas à un concours. Nous profitons juste d’utiliser le moyen choisi pour mieux faire connaissance avec l'objet de notre attention. Nous nous accordons ce moment par curiosité, par intérêt (Il nous faudra peut-être oublier à ce stade ce que certains enseignants ont pu nous dire autrefois sur nos capacités artistiques). 


Au fond, nous ne sommes pas différents maintenant de l’artiste, amateur ou pas, qui s’adonne à sa passion, qui cherche à rendre le réel, en dessinant un paysage, en photographiant une rue. Notre maison est un sujet comme un autre. 

N’oublions pas les mots de Rilke : il n’y a pas de lieu pauvre et indifférent. Nous nous trouvons face à un sujet, quotidien, familier, qui peut se révéler captivant, émouvant, percutant. Ou pas. Tout dépend de comment nous le percevons, juste maintenant, tandis que nous sommes en train de le représenter.





Images : Nature morte / Giorgio Morandi / Fondazione di studi di storia dell'arte Roberto Longhi / Florence
Le Cabanon de Jourdan / 1906 /Paul Cézanne / Galleria Nazionale d'Arte moderna / Rome

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