A
Neauphle, souvent, je faisais de la cuisine au début de l’après-midi.
Ça se
produisait quand les gens n’étaient pas là, qu’ils étaient au travail,
ou en
promenade dans les Etangs de Hollande, ou qu’ils dormaient dans les chambres.
Alors
j’avais à moi tout le rez-de-chaussée de la maison et le parc.
C’était à
ces moments-là de ma vie que je voyais que je les aimais
et que je voulais leur
bien.
La sorte
de silence qui suivait leur départ je l’ai en mémoire.
Rentrer dans ce silence c’était comme entrer dans la mer.
C’était à
la fois un bonheur et un état très précis d’abandon à une pensée en devenir,
c’était
une façon de penser ou de non-penser peut-être, – ce n’est pas loin – et déjà,
d’écrire.
Marguerite
Duras, La Vie matérielle
Partager un lieu de vie, cela peut être pour certains d'entre nous un bonheur, pour d'autres une source de tensions, pour d'autres encore, désireux de combler un manque, un besoin important. Il y en a aussi qui n'aspirent qu'à une solitude bénie et n'éprouvent aucun désir de la partager. Sans parler des contingences conjoncturelles et financières.
Prenons un moment pour expérimenter ce que nous vivons chez nous, dans l'espace qui nous abrite, individuellement ou avec d'autres.
Parcourons lentement notre maison alors que nous sommes
seuls. Explorons les lieux comme si nous y faisions une promenade. Humons l'atmosphère. Laissons-nous guider par nos pas. Soyons présents dans les surfaces que nous traversons.
Ressentons-nous d'autres présences ? Ou des absences, des manques ? Faisons-nous l’expérience d’un vide ou d’un trop-plein ? A quels endroits cela se manifeste-t-il ? Par quels signes cela se traduit-il ? Notre corps nous donne-t-il des messages à ce sujet ?
Ressentons-nous d'autres présences ? Ou des absences, des manques ? Faisons-nous l’expérience d’un vide ou d’un trop-plein ? A quels endroits cela se manifeste-t-il ? Par quels signes cela se traduit-il ? Notre corps nous donne-t-il des messages à ce sujet ?
Éprouvons-nous des émotions particulières ? Des
sentiments révélateurs nous animent-ils à certains endroits ? Notre
attitude corporelle change-t-elle selon les lieux ?
Arrêtons-nous à présent.
Interrogeons-nous à propos de notre manière de vivre en relation avec d'autres.
Habitons-nous avec d’autres personnes ? Si c’est le cas, avec qui ?
Des
animaux partagent-ils notre vie ?
Hébergeons-nous, accueillons-nous des invités ? Si oui, quelle place leur laissons-nous ?
Quels
sont les espaces communs ? Les espaces de passage ?
Avons-nous
un espace personnel ? Est-il reconnu comme tel par les autres personnes ?
Gardons précieusement en nous les observations que nous venons de faire, pour les développer lors de la prochaine séance.
Gardons précieusement en nous les observations que nous venons de faire, pour les développer lors de la prochaine séance.
Images : La Charité de Saint Nicolas de Bari (détail prédelle) / Giovanni Francesco da Rimini / Louvre / Paris
Cupidon fabriquant son arc (détail) / Parmigianino / KHM / Vienne
Madonna con bambino in trono, con angeli e santi (détail)/ A. Lorenzetti / Pinacothèque / Sienne