vendredi 2 février 2018

EXERCICE / REGARD DU DÉBUTANT : les richesses du réel










Si votre vie quotidienne vous paraît 
pauvrene l'accusez pas; 
accusez-vous plutôt
dites-vous que vous n'êtes pas 
assez poète pour en convoquer 
les richesses. 
Pour celui qui crée, il n'y a pas, en effet
de pauvreté 
ni de lieu indigentindifférent

Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète* 


Le propre de l'enfance, c'est une faculté inouïe de vivre au présent. Nous serait-il possible de nous immerger dans notre réel quotidien en étant tout simplement attentif à ce qui se déroule, ici, là, sous nos yeux? 

Baladons-nous chez nous. Soyons créatifs avec notre regard. Soyons curieux.


Observons les tombées de la lumière sur les sols, sur les parois. Examinons les ombres portées, leur relation avec les différentes surfaces. Allumons et éteignons les lampes. Étendons notre observation de la lumière à ses jeux de reflet dans les vitrages, dans les miroirs.

Approchons-nous d’une fenêtre. Que nous permet-elle de voir ? Qu’apporte-t-elle à la pièce où nous nous trouvons ? Une ouverture sur le paysage ? Un degré de luminosité particulier ? Offre-t-elle des distractions ? Donne-t-elle des indications sur l’heure de la journée, sur la saison de l’année que nous sommes en train de vivre ?

Ouvrons la fenêtre. Pouvons-nous percevoir la qualité de l’air qui entre ? Les sons qui se déversent à l’intérieur ? Des rumeurs citadines, des bruits de moteurs, un tracteur ? Des chants d’oiseaux ?

Circulons dans les pièces. Reluquons derrière les meubles, au-dessus, au-dessous.



Parcourons les rayonnages de nos bibliothèques, lisons quelques titres. Que nous évoquent-ils ? Nous inspirent-ils ?

Exerçons nos capacités de toucher. Effleurons les surfaces. N’hésitons pas à passer nos doigts sur le mobilier, caressons les objets. Sentons les matériaux, sont-ils lisses ou rugueux, doux, froids, irréguliers, plaisants ou déplaisants ?

Écoutons à présent les bruits. Tous les bruits qui sont ceux de la maison : des craquements, des grincements, l’enclenchement du chauffage, le tic-tac d’une horloge ? des échos de voix, un claquement de porte, le bourdonnement d'un insecte? 


Permettons-nous d'explorer toutes les richesses du banal, du quotidien, de l'ordinaire. Au fond, y a-t-il chose plus extraordinaire que l'ordinaire? 

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Lettre du  février 1903
Photographies : Street Art / Alessio.B.com / Padoue

2 commentaires:

  1. Bonjour Daniela. Tu nous convies aujourd'hui à un exercice passionnant. Réinvestir son quotidien, son intérieur, réapprendre à regarder les objets qui nous sont chers, se rappeler quelle est leur histoire. Il n'y pas besoin de voyager au loin, voyager chez soi est déjà dépaysant. Merci pour ce billet qui m'ancre les deux pieds vissés au sol dans mon logement. Et pendant que je regarde par le fenêtre, le brouillard monte, imperturbable. Et baigne d'une lumière presque tragique la montagne au loin. Et l'ordinaire devient extra-ordinaire. Bises!

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  2. Merci de ta visite, chère Dédé, je peux imaginer les jeux du brouillard, leurs impressionnants effets sur le paysage. Belle soirée dans tes majestueuses montagnes! D.

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copyright © daniela dahler 2018