lundi 11 mars 2019

EXPÉRIENCES : pourquoi gaspiller ?













La Fondation Cognacq-Jay basée à Paris, décerne depuis quelques années un prix qui se veut un encouragement de l'innovation au service de l'intérêt général.


En 2018 il a été attribué à Faire avec, une association créée par trois architectes, Clotilde Buisson, Gwenaëlle Rivière et Clara Piolatto.
Par leur initiative, ces trois jeunes femmes ont décidé d'améliorer divers habitats précaires en utilisant des matériaux inexploités.
La réalité de l'habitat précaire en France ce sont : deux millions de personnes privées de confort, pas d'eau courante, ni de douche, pas de WC intérieur, ou de coin cuisine, plus d'un million de copropriétaires en difficultés et trois millions et demi de personnes ayant souffert du froid pour des raisons liées à la précarité énergétique.
(d'après les chiffres fournis par la Fondation Abbé Pierre en 2017)

















Écoutons le témoignage de Clara Piolatto, une des trois initiatrices:


"On récupère des matériaux qui sont généralement des non livrables ou des surplus ou des rebuts de fournisseurs ou de chantiers. On vient récupérer ce qui pourrait être mis à la benne. On récolte avant que ce soit mis à la poubelle et que ça finisse en déchet. C'est du carrelage, du parquet, du papier peint, de la finition, des lampes de chevet. On met en valeur les assemblages de ces matériaux qui sont disparates, puisqu'on récupère sur différents points de collecte, sur différents chantiers.
On regarde ce qu'on a et on regarde avec les personnes concernées comment les assembler en fonction de leurs besoins.
L'idée, c'est vraiment de valoriser l'économie circulaire et de dire : non, c'est pas possible de jeter ça, c'est neuf et on le récupère et on le met en œuvre là où on en a besoin." 

Un exemple pratique : dans un Centre d'hébergement et de réinsertion sociale géré par Emmaüs, en région parisienne, elles transforment les chambres collectives en chambres individuelles :

"Une fois par semaine, on se rend au Centre et on propose différents ateliers pour toucher un maximum de personnes selon leurs centres d'intérêt. Par exemple, on monte une maquette tous ensemble de l'existant pour rendre compte de ce qu'il y a aujourd'hui et voir comment on pourrait le transformer. On a aussi un atelier corps et bien-être pour justement s'installer dans les différents espaces du centre. Et, par l'intermédiaire de la reprise de conscience de son corps, voir comment il évolue dans l'espace du centre."

Comme on peut le constater, leur intervention ne se limite pas aux locaux, mais elle s'intéresse également à la relation entre les individus et les lieux qu'ils occupent. L’association organise par exemple des activités autour du corps dans l’espace avec une danseuse, afin d'aider à mieux percevoir son environnement. Elle propose aussi des ateliers avec un photographe, dans lesquels chaque habitant inscrit la mémoire du lieu existant ainsi que l’utopie du lieu à construire.


Faire avec s'oriente vers trois types de publics et d'habitats :
1/ Les logements individuels, avec des propriétaires occupants dits "précaires", qui ne sont pas en mesure d'entretenir leur logement.
2/ Les copropriétés dégradées.
3/ Les centres d'hébergement, avec des occupants en phase de réinsertion, par le biais du passage des chambres collectives aux chambres individuelles.



Avec des projets passionnants comme celui-ci, on constate qu'un peu partout sont en train d'émerger des initiatives anti-gaspillage, qui impliquent les populations concernées, qui promeuvent une nouvelle manière de tisser ou réparer du lien au travers de l'habitat et qui évitent la destruction absurde de matériaux aptes à l'emploi.

Source : L'esprit d'initiative / France Inter / 08.03.2019
Images : Illustrations de Joost Swarte / Gemeente museum / Den Haag / 2018

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