lundi 7 mai 2018

EXERCICE / NETTOYAGE : accomplir

Ce qui garde activement la maison, ce qui lie dans la maison le passé le plus proche,
et l’avenir le plus proche, ce qui la maintient dans la sécurité d’être,
c’est l’action ménagère.
Mais comment donner au ménage une activité créatrice ?
Dès qu’on apporte une lueur de conscience au geste machinal,
dès qu’on fait de la phénoménologie en frottant un vieux meuble,
on sent naître, au-dessous de la douce habitude domestique, des impressions nouvelles. 
La conscience rajeunit tout.
Elle donne aux actes les plus familiers une valeur de commencement.  

Gaston Bachelard, La poétique de l’espace (1957)


Nous voici à la troisième partie d'exercices consacrés au nettoyage de notre maison.
Après avoir parcouru les lieux avec prévenance et attention, en respirant paisiblement, nous avons pris conscience des besoins en matière d'entretien. 
(Est-il vraiment besoin de préciser que ces  exercices s'adressent à toute personne impliquée, indépendamment de questions de genre, et en fonction des capacités physiques de chacun?)


Nous pouvons nous concentrer dans l'instant sur ce qui se passe quand nous nous attelons à ces tâches quotidiennes.

Choisissons deux activités parmi toutes celles que requiert la maison : 

une activité ménagère que nous aimons accomplir 
(si le ménage nous rebute, prenons la tâche qui nous déplaît le moins) et

une activité ménagère que nous n'apprécions pas d'effectuer
(si nous aimons faire le ménage, choisissons une de celles qui nous plaisent modérément).


[Choisissons de prêter attention à ce qui se passe en nous au moment où nous nous livrons à ces occupations. Soyons présents à notre corps, à notre souffle, à nos pensées ou émotions. Puis, répondons aux questions suivantes : ]


Avant de commencer l’activité : Comment nous sentons-nous? Qu’est-ce qui nous pousse, ou nous décide à l’accomplir ? Une échéance fixe  que nous nous sommes donnée? Un sentiment de devoir ou de malaise ? Ou cela répond-il à un besoin ? Pour qui le faisons-nous ? Avons-nous de la peine à commencer ce travail, cela nous demande-t-il de l’effort? Quel est notre ressenti corporel à ce moment précis ? Que nous dit notre cœur ? Quels sont les moyens que nous nous donnons pour réaliser cette activité ménagère ? Utilisons-nous du matériel, des produits spécifiques, et si oui, comment les avons-nous choisis ? Mettons-nous de la musique, écoutons-nous une émission ? Travaillons-nous à plusieurs ? Quel laps de temps nous accordons-nous , sommes-nous pressés par le temps ou nous sentons-nous libres face à lui?

Pendant l’activité : Comment nous sentons-nous pendant  cette action? Avons-nous le cœur à l’ouvrage? Travaillons-nous avec entrain ou à notre corps défendant ? Ressentons-nous du plaisir ou de la frustration ? Trouvons-nous l’activité stimulante ou pénible? Qu’est-ce que nous éprouvons dans notre corps ? Donne-t-il des signes de vigueur, d'énergie ? Ou bien ressentons-nous des tensions, des douleurs, de la peine ? Quels sont nos pensées ? Nos émotions ? Sommes-nous concentrés, entièrement dans l’instant présent, là, ici, maintenant, ou nous projetons-nous déjà dans le moment où ce sera terminé ? Vivons-nous une évolution de nos perceptions tandis que nous sommes en train de travailler ?


Après avoir terminé l’activité : En voyant ce que nous avons accompli, comment nous sentons-nous? Quels sont nos ressentis corporels ? Notre état d’esprit ? Nos émotions ? Ressentons-nous de la fatigue, de la satisfaction, de l’apaisement, de la joie ? Éprouvons-nous un sentiment de soulagement, de service rendu, ou d’autres sentiments ? Prenons-nous conscience de certaines prédilections ou aversions, de certains fonctionnements ou réactions qui nous sont propres?


En comparant les deux activités ménagères que nous avons choisies, percevons-nous des ressentis différents selon les tâches effectuées ? Saurions-nous décrire ce qui distingue l’activité que nous aimons accomplir et celle qui nous rebute ? 

Images : Banksy / 2016 /MOCO / Amsterdam 
Le boulanger Arent Oostwaard et sa femme Catherine Keizerwaard / JH Steen / Rijksmuseum / Amsterdam

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Comme déjà dit précédemment, faire le ménage ne me rebute pas et j’aime le faire moi-même, y compris durant les week-ends lorsqu’après une semaine de travail au bureau, je suis fatigué et que d’autres obligations m’attendent.
    Pourtant, évidemment, il y a des tâches ménagères que j’aime moins que d’autres. Il s’agit de notamment de tâches fastidieuses, non pas physiques, mais pénibles de par leur nature même. Par exemple, nettoyer la machine à laver la vaisselle, ramasser à la main les feuilles de l’automne dernier sous l’escalier qui mène à l’appartement, nettoyer l’extérieur d’une fenêtre. Donc, il s’agit de petits travaux en tant que tel, utiles pourtant, voire nécessaires de temps en temps. J’ai tendance de les repousser, mais lorsque je les entreprends, tout comme les travaux ménagers que je fais sans appréhension, j’ai toujours la même pratique : Lorsque je débute je ne pense à plus rien d’autre, je suis comme en hypnose, en apnée, concentré, je me laisse prendre par le travail jusqu’à la pause, dont j’ai besoin. Et je ressors de l’eau durant ce moment. Ensuite le même processus reprend. Une fois terminé, je me rends compte que le temps a passé très rapidement, sans que je m’en rende réellement compte. C’est un phénomène que je connais bien, car cela peut aussi se passer de la même manière lorsque je fais d’autres activités avec intensité.
    Le ménage terminé me procure de la satisfaction. La satisfaction d’un travail commencé et terminé par mes soins, sans intervention d’une tierce personne, sans interférence, c’est jouissif et le résultat visible.
    Après avoir fait le ménage, ou la partie du ménage que je voulais faire, je m’arrête, sinon, comme dans une spirale sans fin je continue et continue : « Ah, il y encore ceci et cela… » et là, dans cette dynamique, il n’y a plus de plaisir. Je dois aussi m’arrêter quand j’arrive à mes limites, limites physiques j’entends : le dos qui hurle, les genoux qui ont assez des génuflexions.
    Bonne journée

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  2. Merci, cher Paul, d’avoir pris la peine de réfléchir à ce pan important de notre vie quotidienne qu’est le ménage. Vous avez fait le choix d’effectuer vous-même le travail d’entretien de votre logement, y compris d’assumer les tâches que vous n’aimez pas faire.
    Parmi toutes les choses intéressantes que vous dites, je relèverais la notion de concentration. Être totalement « dans » la tâche entreprise, pleinement conscient de ce que vous faites, voilà qui vous permet d’un part de ne pas vous ennuyer, vous ne voyez pas le temps passer et vous êtes « à votre affaire ». D’autre part, ça rend possible de sentir où sont vos limites et de ne pas les outrepasser (càd vous faire mal, vous blesser). C’est une chose importante, l’écoute des signaux de son corps. Ça permet aussi de trouver de la satisfaction et du plaisir quand on observe les résultats (c’est moins rigolo si on termine sur les genoux, avec des courbatures partout, voire une blessure). Belle fin de journée (et bon repos, j’espère...)

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copyright © daniela dahler 2018