vendredi 21 août 2020

EXPERIENCE : Le désir d'une maison, la force d'une chanson

 


Les temps incertains que nous sommes en train de vivre nous invitent à nous tourner vers un peu de musique, pour y trouver ressourcement et inspiration. Le groupe Birds on the wire (deux filles extrêmement douées, l'une chante et l'autre joue plus volontiers du violoncelle) cartonne en ce moment avec des reprises de morceaux, empruntés à divers pays et diverses époques. La chanson Voglio una casa (Je veux une maison) est sans doute la moins connue de leur album, la moins susceptible de séduire les médias et de trouver une vaste audience. Cela ne l'empêche pas de mériter tout notre intérêt et notre écoute attentive. 
Elle a été composée en 1997 par Lucilla Galeazzi, peu après le tremblement de terre qui secoua l'Ombrie, sa terre natale. L'auteure est une chanteuse dotée d'une forte personnalité et d'une très belle voix, qui se voue depuis une quarantaine d'années à faire connaître toute une gamme de chants traditionnels italiens.
Les paroles de Voglio una casa, les voici, suivies de leur traduction :

Voglio una casa, la voglio bella
Piena di luce come una stella
Piena di sole e di fortuna
E sopra il tetto spunti la luna
Piena di riso, piena di pianto
Casa ti sogno, ti sogno tanto
Diridindindin, Diridindin...
 
Voglio una casa, per tanta gente
La voglio solida ed accogliente,
Robusta e calda, semplice e vera
Per farci musica matina e sera
E la poesia abbia il suo letto
Voglio abitare sotto a quel tetto.
Diridindindin, Diridindin...
 
Voglio ogni casa, che sia abitata
E più nessuno dorma per strada
Come un cane a mendicare
Perchè non ha più dove andare
Come una bestia trattato a sputi
E mai nessuno, nessuno lo aiuti.
Diridindindin, Diridindin...
 
Voglio una casa per i ragazzi,
che non sanno mai dove incontrarsi
e per i vecchi, case capienti
che possano vivere con i parenti
case non care, per le famiglie
e che ci nascano figli e figlie
Diridindindin, Diridindin.. 



Je veux une maison, je la veux belle
Pleine de lumière comme une étoile
Pleine de soleil et de chance
Et que la lune se lève sur le toit
Pleine de rires, pleine de pleurs
Maison, je te rêve, je te rêve tant.
Diridindindin, Diridindin...
 
Je veux une maison, pour tant de gens
Je la veux solide et accueillante
Robuste et chaude, simple et vraie
Pour y faire de la musique matin et soir
Et que la poésie y ait son lit
Je veux habiter sous ce toit.
Diridindindin, Diridindin...
 
Je veux que toute maison soit habitée
Et que plus personne ne dorme dans la rue
A mendier comme un chien
Parce qu’il n’a plus d’endroit où aller
Comme une bête sur qui on crache
Et que jamais personne, personne n’aide.
Diridindindin, Diridindin...
 
Je veux une maison pour les jeunes,
qui ne savent jamais où se rencontrer
et pour les vieux, des maisons spacieuses
qu’ils puisent vivre avec leurs proches
des maisons pas chères, pour les familles
et qu’il y naissent des fils et des filles.
Diridindindin, Diridindin..


Au travers d'un rythme entraînant et de paroles empruntée au quotidien, cette chanson souligne le fait qu'une maison parle de la vie. Parler de sa maison, c'est évoquer sa propre existence. Désirer une maison, se plaindre de sa maison, être heureux dans sa maison, c'est parler de soi, de ses rêves, de ses difficultés, de ses joies. Être invité à dessiner sa maison (ou à esquisser sa maison idéale) n'est jamais anodin. C'est une sollicitation à se dévoiler et à dévoiler ses attentes, ses espérances.
On pourrait ajouter qu'en nous connectant avec le lieu où nous vivons et à tout ce qu'il en émane comme sensations, nous nous permettons de mieux nous connaître, de mieux nous relier à nos émotions et à nos besoins. 
La méditation formelle nous permet de faire cette démarche si nous choisissons de la pratiquer régulièrement, en nous accordant le temps et l'espace nécessaires. La méditation informelle (l'attention que nous portons à tous les moments de notre existence quotidienne) nous permet également d'atteindre ce lien profond avec nous-mêmes. C'est dans cet objectif qu'a été entreprise la démarche de Rentrer chez soi : une pratique simple de parvenir à la conscience de ce qui est.
En nous rendant attentifs aux sons, aux atmosphères, aux odeurs, que nous trouvons chez nous, aux émotions et aux sensations qui en émanent, et aussi aux gestes les plus habituels que nous accomplissons, nous avons la possibilité de nous retrouver au plus près de notre intériorité.

Ces derniers mois, nous avons tous été bousculés dans nos certitudes et nos habitudes. Notre avenir est plus que jamais soumis à toutes sortes d'hypothèses. Face à une déferlante de consignes, de remises en question, d'informations contradictoires et de prédictions alarmistes, il devient essentiel de nous recentrer. Il devient de plus en plus important de pouvoir nous relier à tout ce que nous expérimentons. Et cela, pour trouver la force et la créativité qui peuvent parfois nous manquer, pour affronter des défis qui s'annoncent, pour parvenir à une harmonie et maintenir une stabilité intérieure. 
Le mérite du texte Voglio una casa est d'évoquer l'importance de la joie et de l'énergie qui circule dans tout notre être, l'importance de nos émotions, qu'elles soient tristes ou gaies. Ses paroles expriment l'harmonie avec les éléments, un accord avec la nature qui nous entoure. Elles contiennent également une forte composante de solidarité. Peut-on être heureux uniquement dans sa maison, sans souhaiter que d'autres accèdent à ce droit élémentaire ? Peut-on danser et virevolter alors que d'autres se retrouvent sans toit ? Peut-on jouir de l'aisance quand d'autres vivent le manque ?

En fredonnant cette chanson, nous nous mettons à l'écoute de notre maison et de nous-mêmes. Nous nous permettons aussi de nous ouvrir aux autres, prenant conscience de réalités souvent bien plus difficiles et complexes que les nôtres. Garder le cap quand tant de choses paraissent vaciller, identifier nos besoins et nos ressources, être à l'écoute de ce qui nous entoure, garder le cœur et le regard grands ouverts : des aptitudes qui peuvent nous être très utiles par les temps qui courent.


Une autre version de la chanson, offerte par son auteure, Lucilla Galeazzi, en live, lors du XXIe festival de musique populaire de Forlimpopoli en 2015 :




Images : Garden / 2015 / David Hockney / Exposition Tate Britain 2017
               The Gate / 2000 / David Hockney
               The Arrival of Spring in Woldgate, East Yorkshire in 2011 (twenty eleven) 

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