lundi 13 mai 2019

PAROLES DE : step by step




Récemment, le musée Louisiana, au Danemark, a consacré une exposition au studio chilien ELEMENTAL, fondé par le lauréat du prix Pritzker 2016, Alejandro Aravena.



Nous préférons construire la moitié d'une bonne maison, 
plutôt qu'un mauvais logement. 
Studio Elemental

Ce studio s'est, entre autres, penché sur les question d'habitat social. D'ici 2050, les deux tiers de la population mondiale seront des urbains, selon les estimations des Nations Unies. Mais où ces habitants seront-ils logés ? Comment ? Les budgets attribués aux logements sociaux sont limités. Pour éviter la multiplication de logements de  fortune, ELEMENTAL propose des solutions radicales et innovantes, en faisant appel aux ressources des personnes concernées.


Vous fournissez le cadre et les familles prennent le relais.

Afin de limiter les coûts et de permettre l'accès à un habitat en dur, décent et harmonieux, le studio propose de fournir des moitiés de maison, et de laisser les habitants construire le reste, au fur et à mesure de leurs possibilités. Charge à eux de s'approprier leur habitation avec leur propre investissement, en temps, en travail et en argent.


Engager la communauté dans le processus

Les maisons proposées par ELEMENTAL n'ont pas coûté aux pouvoirs publics plus de 10'000 dollars par unité familiale. Cela équivaut au prix d'un logement en HLM, exigu, confiné et limité. Or, grâce à ce système ouvert, les gens concernés et impliqués font partie de la solution et non pas du problème.


Unir les forces et répartir les tâches.

Les collectivités fournissent le terrain, les murs porteurs, la cuisine, la salle de bain, les escaliers, tout ce qu'un particulier aurait de la peine à réaliser par lui-même. A sa charge, en contrepartie, les murs en brique, les peintures, et l'agrandissement ultérieur de l'habitat par des pièces supplémentaires.


Utiliser la capacité des gens à construire

Cette solution par ajouts permet de freiner la tendance actuelle qui tend à réduire la superficie de l'espace accordé et à déplacer les populations vers les périphéries.

Il est intéressant d'écouter l'exposé présenté par Alejandro Avarena au TED-Global 2014. Il y explique sa vision du rôle que peut jouer l'architecture face aux vastes mouvements de population qui sont en train de se mettre en place et aux différents défis qu'ils posent au politique. En voici un extrait :
Il y a dix ans, dans la ville de Iquique, on nous a demandé de réfléchir au moyen de reloger une centaine de familles, qui avaient occupé illégalement un terrain au centre de la ville. L'Etat nous a octroyé un budget de 10'000 dollars par famille et nous avons entamé une réflexion avec les gens. L'argent imparti devait inclure l'achat du terrain, les infrastructures et la construction. Problème : ce montant ne permettait de construire que 30 maisons individuelles, ou 60 maisons mitoyennes ou alors des HLM en hauteur pour les 100 ménages. Refus total des habitants. Au final, la solution élaborée avec eux a été de construire des moitiés de maisons, qu'ils n'auraient pu mettre en place par eux-mêmes et de les laisser compléter leur habitat par leurs propres moyens.          Ainsi, ils restaient inclus dans la ville, proches de leurs emplois et des facilités, et évitaient d'être marginalisés.
La voie de la participation n'est pas forcément la plus facile à mettre en place. Quand les personnes impliquées peuvent donner de la voix, le processus prend toujours du temps. Mais cette recherche d'un habitat conçu pour, avec et par ses habitants se révélera certainement payante à long terme, en favorisant l'intégration et la connexion parmi les différents acteurs. En matière de logement, comme dans d'autres domaines, les réponses adéquates ne peuvent provenir que des personnes concernées, se basant sur leur expérience, leurs ressentis et leurs besoins.

Images : entrée de l'exposition au musée Louisiane / photographies du studio ELEMENTAL présentant des  réalisations à Iquique (Chili) / Monterrey (Mexique)

2 commentaires:

  1. Tiens. Mais que voilà une excellente idée! Il fallait y penser. Participer à construire son habitat doit rendre les gens fiers de ce qu'ils ont. Non pas seulement agents de leur vie mais acteurs agissants. Bises alpines.

    RépondreSupprimer
  2. La vidéo du TED montre bien combien les gens ont des choses à dire, dont il faut tenir compte, mais qu'il s'agit aussi de canaliser vers des solutions viables. Ces solutions qui les impliquent permettent aux gens d'être acteurs, comme tu le dis, et non pas de subir. Ici, les habitats réalisés sont individuels, mais ne poussent pas à l'individualisme. Les personnes sont responsabilisées, elles détiennent leurs solutions spécifiques, mais l'habitat ne pousse pas à l'isolement. Si l'on veut pouvoir construire à moindre coût sa part, on est obligé de se tourner vers des actions d'échange (échanges de savoirs, de compétences, de main-d'œuvre). C'est très intéressant, ça ouvre des perspectives.

    RépondreSupprimer

copyright © daniela dahler 2018