Si votre vie quotidienne vous paraît
pauvre, ne l'accusez pas;
accusez-vous plutôt,
dites-vous que vous n'êtes pas
assez poète pour en convoquer
les richesses.
pauvre, ne l'accusez pas;
accusez-vous plutôt,
dites-vous que vous n'êtes pas
assez poète pour en convoquer
les richesses.
Pour celui qui crée, il n'y a pas, en effet,
de pauvreté
ni de lieu indigent, indifférent.
de pauvreté
ni de lieu indigent, indifférent.
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète*
Le propre de l'enfance, c'est une faculté inouïe de vivre au présent. Nous serait-il possible de nous immerger dans notre réel quotidien en étant tout simplement attentif à ce qui se déroule, ici, là, sous nos yeux?
Baladons-nous chez nous. Soyons créatifs avec notre regard. Soyons curieux.
Observons les tombées de la lumière sur les sols,
sur les parois. Examinons les ombres portées, leur relation avec les
différentes surfaces. Allumons et éteignons les lampes. Étendons notre
observation de la lumière à ses jeux de reflet dans les vitrages, dans les
miroirs.
Approchons-nous d’une fenêtre. Que nous permet-elle
de voir ? Qu’apporte-t-elle à la pièce où nous nous trouvons ? Une
ouverture sur le paysage ? Un degré de luminosité particulier ? Offre-t-elle
des distractions ? Donne-t-elle des indications sur l’heure de la journée,
sur la saison de l’année que nous sommes en train de vivre ?
Ouvrons la fenêtre. Pouvons-nous percevoir la
qualité de l’air qui entre ? Les sons qui se déversent à l’intérieur ? Des rumeurs citadines, des bruits de moteurs, un tracteur ? Des chants d’oiseaux ?
Circulons dans les pièces. Reluquons derrière les
meubles, au-dessus, au-dessous.
Parcourons les rayonnages de nos bibliothèques, lisons quelques titres. Que nous évoquent-ils ? Nous inspirent-ils ?
Exerçons nos capacités de toucher. Effleurons les
surfaces. N’hésitons pas à passer nos doigts sur le mobilier, caressons les
objets. Sentons les matériaux, sont-ils lisses ou rugueux, doux, froids,
irréguliers, plaisants ou déplaisants ?
Écoutons à présent les bruits. Tous les bruits qui
sont ceux de la maison : des craquements, des grincements, l’enclenchement du chauffage, le tic-tac d’une horloge ? des échos
de voix, un claquement de porte, le bourdonnement d'un insecte?
Permettons-nous d'explorer toutes les richesses du banal, du quotidien, de l'ordinaire. Au fond, y a-t-il chose plus extraordinaire que l'ordinaire?
Permettons-nous d'explorer toutes les richesses du banal, du quotidien, de l'ordinaire. Au fond, y a-t-il chose plus extraordinaire que l'ordinaire?
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* Lettre du 7 février 1903
Photographies : Street Art / Alessio.B.com / Padoue
Bonjour Daniela. Tu nous convies aujourd'hui à un exercice passionnant. Réinvestir son quotidien, son intérieur, réapprendre à regarder les objets qui nous sont chers, se rappeler quelle est leur histoire. Il n'y pas besoin de voyager au loin, voyager chez soi est déjà dépaysant. Merci pour ce billet qui m'ancre les deux pieds vissés au sol dans mon logement. Et pendant que je regarde par le fenêtre, le brouillard monte, imperturbable. Et baigne d'une lumière presque tragique la montagne au loin. Et l'ordinaire devient extra-ordinaire. Bises!
RépondreSupprimerMerci de ta visite, chère Dédé, je peux imaginer les jeux du brouillard, leurs impressionnants effets sur le paysage. Belle soirée dans tes majestueuses montagnes! D.
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