C’est une petite
maison de vacances à deux pas d’un lac enchanté. Une maison pour la belle saison, une invite à rêver, à se reposer. On y accède par un jardin où volent les libellules et
de petits papillons jaunes striés de blanc. Une passerelle en lattes de mélèze conduit sous un saule pleureur qui ne pleure pas, mais offre une ombre plaisante,
murmure des choses bienveillantes à qui vient déposer sa chaise juste là.
Au fond du jardin, là où les fleurs poussent en douce anarchie, se dresse une cabane blanche. Son toit végétal lui donne un air échevelé. On regarde à l'intérieur par de
petites fenêtres à minuscules carreaux (un carreau cassé a été remplacé par un bardeau en bois grisé). On se dit que dans cette cabane, il ferait bon s'installer sur un lit parsemé de bons coussins, et s’allonger pour la sieste avec quelques
mirabelles et un livre bien épais.
Qu'ajouter sur cette maison sans prétention mais avec grande distinction ? Il y a
un réduit sous l’escalier (le loquet crisse et la porte grince) : c’est là
qu’on range les outils, qu’on aligne les gelées. Il y a une
élégante gargouille en cuivre qui prolonge la gouttière. Il y a trois tournesols dégingandés et un rosier déluré qui veillent sur l'entrée . Il y a un minuscule bassin turquoise, où s'épanouissent quelques nénuphars. Il y a un balcon en épicéa, décoré de losanges et de frises. L'ensemble est un peu décati, un peu défraîchi, mais respire l'harmonie.
C’est une maison
presque irréelle, propice aux doux souvenirs, aux souvenirs d’anciens
étés, des étés de l’enfance, des étés de romans dévorés. On entre dans la
maison et on se sent enveloppé dans un drôle de bonheur, un bonheur béat, non dénué de joyeux picotements et teinté de nostalgie.
On éprouve ici une palette d’émotions. On accueille mille sensations. En croquant un fruit, on hume des senteurs d'herbe coupée. En observant un lézard rampant, on perçoit une multitude de chants. C’est une maison de poésie, de bourdonnements, de ralentissement. Une
maison tartines, une maison balançoire, une maison canoë. Une maison qui invite à
sourire et à se laisser bercer. Le temps d'un été.
Image : n°3 / Les effets du Bon Gouvernement (détail) / A. Lorenzetti / Palazzo del Comune / Sienne
Image : n°3 / Les effets du Bon Gouvernement (détail) / A. Lorenzetti / Palazzo del Comune / Sienne
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