lundi 14 mai 2018

RÉFLEXIONS : gratitude



Cette publicité de Terre des Hommes est parue l'an dernier dans un quotidien, en bas de page. Elle est frappante à plusieurs titres : elle renvoie au scandale de l'enfance abandonnée à elle-même, dans le dénuement et la peur. Elle se réfère aussi à la question de l'habitat en nous invitant à mesurer la souffrance, la cruauté de manquer d'un toit et son corollaire : la chance d'avoir un chez-soi.

Il y  a quelque temps Arte a diffusé un reportage sur des réfugiés rohingyas, où l'on suivait la route d'un groupe familial, composé de plusieurs générations. Fuyant la Birmanie, ils étaient parvenus au Bangladesh voisin après d'innombrables épreuves. A leur arrivée, loin des camps, un notable leur avait accordé un lopin de terre. C'était totalement provisoire. Ils ignoraient encore de quoi leur demain serait fait. Mais à leurs premiers gestes : nettoyer, tasser le sol, planter quelques piquets et disposer une bâche pour se construire un abri, on pouvait percevoir leur soulagement, comme une expiration après des journées  et des journées de marche et d'errance. (17'-20')

Peut-on concevoir la chance que c'est, d'avoir un toit, une protection, un abri, un lieu où se ressourcer, où se réfugier ?

Par-delà nos soucis de logement (petits ou grands), pouvons-nous  sentir de la gratitude et de la reconnaissance pour cette opportunité-là : disposer d'une habitation? (un chance similaire à celle de se voir en relative santé, malgré les inévitables soucis, malgré des passages difficiles, capable de ressentir les mille palpitations de la vie, de percevoir des senteurs, des couleurs, des gazouillis, des mélodies).

La pleine conscience, il me semble, en nous invitant à être présent à chacun de nos gestes, de nos pensées, de nos moments, nous conduit à saisir l'ampleur et la merveille de ces réalités si évidentes parfois, qu'on n'y prend même plus garde. La possibilité d'accéder à l'hygiène et à des locaux chauffés : l'eau courante, froide et chaude, le chauffage central, les raccordements tout-à-l'égout, qui sont des prestations ordinaires de nos logements suisses, ne vont  pas de  soi pour des milliers, des millions de gens, même en Europe. Sans compter la situation dans d'autres continents.

A chaque lever du jour, ce vœu émerge donc : que tous les  êtres humains sur terre, quels que soient les pays, dans les campagnes ou dans les métropoles, puissent disposer d'un lieu où demeurer. Un appui, un nid, une coquille. 


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